Ménopause chez l’homme : l’andropause existe-t-elle vraiment ?

Par le médecin sexologue Gilbert Bou Jaoudé, directeur scientifique de la plateforme Charles.co.
Existe-t-il une ménopause chez l'homme ? C’est une vaste question que nous abordons aujourd’hui, car en réalité, l’andropause n’est pas à confondre avec la ménopause.
Pourtant, les hommes aussi subissent des modifications hormonales à une certaine période de leur vie. Pourquoi l’andropause est-elle alors à tort comparée à la ménopause ?
Vieillissement, ménopause et andropause ; nous éclaircissons pour vous cette période de la vie masculine caractérisée par une baisse de la production d’androgènes.
- Ménopause chez l’homme : l'andropause existe-elle vraiment ?
- Ménopause chez l’homme : comment reconnaître l’andropause ?
- Ménopause chez l’homme : quels sont les traitements de l’andropause ?
- Quelles sont les contre-indications à la substitution androgénique ?
- Ménopause chez l’homme : les traitements de l’andropause présentent-ils des risques ?
- Que faut-il retenir sur l'andropause ?
Ménopause chez l’homme : l'andropause existe-elle vraiment ?
Pour certains, l’andropause n’est en fait qu’un mythe ! On s’explique.
Lors de cette période de l’andropause, l’homme peut observer des changements sur le plan physique, psychologique et comportementaux, dus à des changements hormonaux.
Toutefois, à la différence des femmes (qui lors de la ménopause vont progressivement stopper totalement leur production de progestérone et d’œstrogènes), l’homme n’arrête jamais complètement sa production d’androgènes.
Il n’y a donc pas de « pause » à proprement parlé ; c’est pourquoi les médecins préfèrent parler de « déficit androgénique lié à l’âge ».
Andropause ou « déficit androgénique » : à quel âge survient cette diminution des hormones mâles ?
Il est normal de se demander à quel âge peut-on être atteint de l'andropause. L’andropause touche 30 % des hommes à partir de 50 ans. On caractérise cette période par la diminution de la testostérone, l’hormone mâle responsable des caractères de l’homme.
Les conséquences de cette diminution du taux de testostérone sont :
- Une plus grande fatigue : physique et mentale
- Des troubles sexuels : de l’érection notamment mais aussi de la libido avec une impression d’une baisse globale « des performances sexuelles »
- Des troubles du sommeil
- Un manque d’élan au quotidien, avec une impression de pseudo-dépression
- Des douleurs articulaires inhabituelles (dos, membres inférieurs, coudes, genoux)
- Une diminution de la pilosité et un déclin des capacités intellectuelles (mémoire, concentration, vigilance)
Bien qu'on connaisse ces symptômes, tous les hommes ne sont pas affectés de la même manière par l’andropause.
En fait, dès l’âge de 40 ans, le nombre de cellules de Leydig (responsables de la production de testostérone) chute lentement, tout comme leur capacité à produire la testostérone.
À noter : la réalisation d'un examen médical complet de l'homme peut mettre en évidence une andropause. Cela est également l'occasion de faire un dépistage du cancer du colon avant 50 ans ou une palpation de la prostate par exemple. Certaines pathologies passent inaperçues, d'où l'importance d'un check up complet régulier !

Ménopause chez l’homme : comment reconnaître l’andropause ?
Quand suspecter une andropause ?
Les symptômes de l’andropause, ou de ce déficit hormonal, sont parfois similaires à la dépression ; ce qui rend l’andropause parfois difficile à détecter.
Le meilleur moyen est donc de réaliser un bilan hormonal, en analysant le taux de testostérone sanguin.
On recommande particulièrement ce bilan en cas de troubles érectiles, qui surviennent généralement autour de 50 ans.
Surtout si on associe ces pannes sexuelles à une baisse du désir sexuel (libido). Mais les hommes plus jeunes, doivent également réaliser un bilan en cas de trouble du désir ou d’une baisse de libido.
C’est souvent indicateur d’une baisse – ou d’un dérèglement – des hormones.
Bon à savoir : la baisse du taux de testostérone entraîne parfois une éjaculation faible, dont le jet manque de force, une petite éjaculation ou une éjaculation précoce.
Peut-on doser le taux de testostérone ?
Oui, c’est possible, sur prescription et avis médical uniquement.
On peut en effet doser la testostérone lorsque des symptômes de fatigue, d’états dépressifs, de mauvaise humeur ou encore de troubles sexuels, sont inexpliqués.
Un taux de testostérone total inférieur à 2.5 ng/ml doit laisser présager un hypogonadisme, c’est-à-dire un déficit en testostérone.
Par ailleurs, la consommation excessive d’alcool ou la prise de poids avec accumulation de graisse au niveau abdominal peuvent aussi perturber le bon fonctionnement de la testostérone.
Avec pour effet une augmentation de la production d’œstrogènes (hormone féminine) et une baisse de la testostérone.
Pour autant, un faible taux de testostérone ne veut pas forcément dire « andropause ».
Pour envisage une substitution de testostérone, cette diminution ou ce faible taux doit être en lien avec des symptômes : troubles de la vie sexuelle, fatigue, baisse de la qualité de vie etc.

Quelques cas à part
Des cas d’andropause précoce sont aussi possibles, bien que rares avant 40 ans ; des raisons congénitales sont en lien avec ce phénomène ou parfois de façon inexpliquée médicalement
Enfin, certaines interventions chirurgicales ou certains traitements radicaux (comme pour le cancer des testicules, l’adénome de l’hypophyse) peuvent causer une baisse du taux de testostérone, qui peut alors être substituée.
Ménopause chez l’homme : quels sont les traitements de l’andropause ?
Les recommandations internationales insistent sur le fait qu’un traitement peut être envisagé lorsque les taux de testostérone sont régulièrement bas (et non seulement sur un seul dosage sanguin) et que les symptômes présentés par le patient ne peuvent pas être expliqués par d’autres maladies.
Le plus souvent, le traitement repose sur une substitution androgénique. Cette substitution peut se faire par
- Des gélules par voie orale
- Des injections intra-musculaires
- Ou par des crèmes à application cutanée (il existe aussi un patch de testostérone mais qui n’est plus commercialisé actuellement)
Chaque méthode d’administration de la testostérone a ses propres avantages et inconvénients.
L’efficacité est globalement identique et le choix du traitement se fait donc selon les préférences du patient et les recommandations du médecin.
Quelles sont les contre-indications à la substitution androgénique ?
Il existe en effet des contre-indications formelles à cette substitution :
- Le cancer du sein
- Des troubles métaboliques : une dyslipidémie non contrôlée, une hypercalcémie, un excès de globule rouge ou de fer dans le sang
- Un état hypercoagulable
- Une intolérance aux produits androgéniques
Ménopause chez l’homme : les traitements de l’andropause présentent-ils des risques ?
Si l’indication du traitement est bien établie et les contre-indications respectées, la substitution androgénique ne devrait pas présenter de risque.
À condition que le traitement soit régulièrement surveillé (d’où l’importance d’un suivi médical quand on est sous traitement).
Les principaux points pour lesquels nous avons des preuves scientifiques solides en faveur du bénéfice du traitement par testostérone sont :
- L’ostéoporose : en effet le déficit en testostérone peut provoquer une fragilité osseuses appelée « ostéoporose » et le traitement par testostérone peut alors éviter cette fragilité osseuse ;
- les problèmes sexuels : libido, érection, éjaculation tardive.
D’ailleurs, la testostérone présenterait même un intérêt récent dans le traitement de la maladie d’Alzheimer, en améliorant cliniquement les fonctions cérébrales et cognitives.
En effet, les effets bénéfiques de l’apport en testostérone chez des patients âgés sont vérifiés ; particulièrement en terme d’augmentation musculaire et de la diminution des graisses.
Cependant, s’agissant de la force musculaire, et des états dépressifs, les résultats sont plus modérés.
Les risques au long terme d’un traitement de substitution restent incertains, notamment pour le risque cardiovasculaire et prostatique.
Sur ce sujet, les avis des médecins diffèrent encore et des études supplémentaires sont nécessaires pour éclaircir ces points.
Ce qui semble évident, c’est qu’un traitement substitutif par testostérone, basé sur un diagnostic clairement établi et conduit d’une façon précise avec une surveillance biannuelle ou annuelle, semble être bénéfique de façon globale.
Les autres situations, pourraient être source d’un risque médical.
Pour certains médecins, il semblerait que ce soit plutôt la baisse d’œstrogène, en lien avec l’augmentation d’œstradiol et la diminution de testostérone, qui soit un facteur de risque de cancer de la prostate.
Enfin, une étude française récente a démontré que le déficit en testostérone (et non le traitement) pourrait même être un facteur de risque d’avoir un cancer plus sévère
Que faut-il retenir sur l'andropause ?
Nous conclurons donc sur ce point : tant que les risques et les bénéfices au long terme de cette substitution en testostérone ne sont pas clairement établis, les patients âgés ne devraient pas faire l’objet de ce traitement, pour simple raison d’avoir une carence seule.
Cette substitution devra par contre être discutée avec un spécialiste, lorsqu’ils présentent des symptômes avérés en lien avec une carence en testostérone :
- Érection matinale faible ou absente
- Troubles de la libido
- Dysfonction érectile
- Dépression, ostéoporose, ralentissement global etc.
Concernant les patients présentant un risque cardiovasculaire, cardiaque ou prostatique, ils ne devraient pas être traités.

Sources
- B. Renneboog, « Andropause et carence en testostérone : le point en 2012 », Revue Médicale de Bruxelles.
- Jean-Yves Nau, « Normalité de la libido (andropause) ? »,Rev Med Suisse 2010; volume 6. 1518-1519
- Rémy C. Martin-Du Pan, « Syndrome de déficit androgénique », Rev Med Suisse 2008; volume 4. 1526-1527.
- American Urological Association, « Evaluation and Management of Testosterone Deficiency (2018) ».
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